Inspiration grecque

Inspiration grecque

La nature, figure d'illusion 4

COUCHER DE SOLEIL

 

 Et d’or et de rubis

S’empourpre l’air du soir,

Oeil géant où convergent

La topaze et l’améthyste

 

S’empourpre l’air du soir

Orgie d’or et de miel

Mêlés aux sucs des goyaves

Ivresse des vins purs.

 

Se dilate sans fin

La prunelle béante

Qu’un doigt de couleur irradie,

Pour le banquet d’un soleil noir.

 

La prunelle béante

Où jade et émeraude

Sonnent le tambourin

De la nuit qui tisse sans fin

Son voile frémissant.

 

 

 

 

 

 

HIC ET NUNC

 

C’est ce surgissement

A la crête des vagues

Jets de salives blêmes

Crachés par la mer bleue,

 

Traine ondulante

D’un mariage sans nuage

O fable fabulée par les mères

Aux fausses prophéties.

 

C’est la  plénitude sourde

Vibration des corps

Mordus par le soleil

A la croupe vermeille

 

C’est cette villa si calme

Paupières closes sur l’intérieur

Jardins en dégradés

Déversant sa lavande aux nattes bleues

 

C’est ce silence bruissant

De présences infimes

Dans la terre craquelée

Où s’abreuve l’été.

 

C’est mon âme déchirée

Par une double solitude

Celle de  l’effraction,

Celle de l’écriture

 

L’instant ..

 

 

 

 

 

 

 

 

PURETE DE L’INSTANT

 

Quand ce vol d’hirondelles

A tire-d’aile

Traverse le ciel si pur

O bruissement d’azur.

 

Une goutte de perle

S’égoutte

Quand la lumière pâle luit

Sur le fil blême de la pluie.

 

Le battement des pendules

Rythme, au cœur

De la nuit, l’évanescence

Des songes aux pages du sommeil.

 

 

 

 

 

Palavas 

 

       Aux premières fraîcheurs

         Délaissant quelques heures

            Des paresseux étangs l’or sombre et violacé

              Et la mouvance des roseaux,

                Les flamants roses s’élancent

              Aérienne danse

           Impeccable escadrille

        Dans le feu du couchant

.

 

         A peine les étreint

         Quelque souffle aquilin

Qu’ils resserrent leur cercle

Filigrane ballet de têtes et de becs

Pour l’allonger nonchalant et sans fin

         Ivres d’espace marin

         Planeurs immatériels

         Dans l’éblouissement de l’instant.

 

         O divine écriture

         Des lois de la nature

Que l’homme croit défier et ne sait que calquer

Dérisoire plagiat, de toute imagerie,

Ni le vibrant tracé d’un sensible pinceau

Ni d’un poème la note surannée

 

         Ne rendront  l’essence

 L’être là de la présence.

 

 

 

 

 

 

 

 

AIGUES MORTES

 

Entre ciel et terre

Entre terre et mer,

Pour  qui marche sur les remparts d’Aigues mortes,

Un vol de flamants roses

Empourpre l’air du soir,

Pur instant de jouissance,

 

Loin des sombres réminiscences

Des preux chevaliers,  qui partirent

Tel saint Louis

En l’an de grâce 1240 sur les galères

Avec l’islam croiser le fer,

Jours de colère,

Combien sont revenus

Amarrer leurs navires

Au pied de ces murailles,

Plus morts que vifs,

Porteurs de peste et de choléra

En ce moyen- âge d’un autre âge

Où la vie était si court passage,

Chantez moines de Psalmodi

Cantiques graves sous les voûtes

Dont les jeux d’ombre et de lumière

Partageaient les heures du jour.

 

Entre ciel et terre

Entre mer et ciel

Celle qui domine les murailles

Ne sait plus que faire

O vertige, vestige d’un passé,

De tant de souvenirs

Quand il n’y a plus d’avenir

Que la splendeur d’un jour déclinant

Sur la mer  retirée  aux terres ensablées,

Trainée d’or et de sel

Qui fut l’amer et le salaire des galériens

Ramant en cadence, en souffrance

Pour expier crimes aux lois instituées

Par cruelles guerres de religions

Toutes pourtant amoureuses de même Dieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   VIENNE

 

                   Faut il que m’en souvienne !

                   C’était l’été de mes quinze ans

                   Fallait un jour que j’y revienne

                   M’attendait la ville aux sept visages.

                   Celle qui flâne

                   Au pas d’amble des fiacres

                   Celle du beau Danube bleu

                   Des amours romantiques

                   Tournez valses et musiques…

                   Sous la pourpre de l’opéra

                   Et c’est Mozart, l’enfant de grâce,

                   Et sa dive inspiration,

                   Brahms, Schubert et Strauss

                   Que fait vibrer la baguette des chefs d’orchestre

 

                   De Vienne

                   M’en souvienne

                   J’avais goûté le charme des cafés

                   Mirage des miroirs embués

                   Où flottent  encore les grandes figures du siècle passé,

                   Einstein, Freud ou Musil

                   Intellectuels voués  toujours à l’exil …

 

                   Au pas lent de mes rêves

                   J’ai revu Schönbrunn et ses jardins

                   Où passa la radieuse Sissi, femme libre

Eternelle amoureuse,

                   Et le palais d’Otto Wagner

                   Que hantent les figures de Klimt

                   Nimbées d’or et de calme volupté,

 

                   Vienne que je revienne encore

                   Emportée par la grande roue du Prater

                   Tourne vertige du temps qui nous broie

                   Vole virevolte et repart

Le temps d’une vie, le temps d’un instant. ?

 

 

 

                  

 

 

 TOURISME A MONTPELLIER

 

A ceux qui se lamentent de ne pas voyager,

Faute d’argent, faute d’allant,

Craignant les embarras, les horaires décalés,

Je dis « N’attendez à demain

Dépaysez-vous, chez vous, tout est à portée de main.

De Montpellier à … Montpellier

A peine le temps d’un instant,

Pas de distance à parcourir

Ni de visa à fournir

Prenons  un billet de bus ou de tram

Et l’esprit léger, et en poche ces quelques grammes,

Qui n’allégeront pas notre bourse, allons découvrir,

Sans peine et sans courir.

Les merveilles de votre ville.

Pour jouer les touristes, c’est facile

De prendre vos quartiers ou d’été ou d’hiver,

Bipolaires, partons flâner. le nez en l’air.

Dirigeons nous vers les bords du Lez,

Là bas pas de falaise

Mais des cascades à vous couper le souffle

Sur des berges au glacis de calcaire

Paysages touffus digne des mangrols, arbres aux racines aériennes

Revenons au centre ville, place de la Comédie, siroter une bière

Et vous partez pour un concert

Avec jongleurs et bateleurs,

Défilé gratuit des filles à la dernière mode,

Devant vous c’est si commode.

Bien détendus, allez au Jardin botanique

Promenez vous, parmi les simples,

Plantes médicinales du moyen âge, hautes en couleurs,

Hantez les allées ombragées et pleines de senteurs.

Un autre jour, allez  flâner au Musée Fabre

Et regardez les artistes,

Les impressionnistes

Souvent eux aussi des bipolaires

Inspirés par leurs manies mais aussi leur génie.

N’oubliez pas de vous perdre dans les ruelles du Moyen âge

Au charme fou d’un autre âge,

Aux noms de vieilles corporations, d’argentiers, de cordeliers,

Les vieilles pierres ont tant de choses à nous dire...

Vous aimerez la Place Pétrarque

Son bel hôtel particulier et ses caves voûtées, aux sublimes arcs

La nuit c’est féérique, dans le petit train touristique,

N’oubliez pas ST Roch et ses façades en trompe l’œil

Ah de Montpellier à Montpellier, le chemin n’en finit plus, dés que vous l’avez emprunté …

 

 

 

 

 

 

MYSTERE

 

 

L’œil vaste est la Roue de la Nuit

Qui tourne dans l’immensité,

Agitant des voiles d’or sombre.

Le ciel est beau où glissent des fumées.

 

Veille en sa tour le guetteur solitaire

Colonnes de lumière sont mes rêves

Quand les vapeurs s’élèvent, liturgie

Où naissent des fleuves incandescents ;

 

Tout se tait pour fêter l’autre règne

L’intime de l’ultime, l’au-de là,

Mystère des vies habitées,

Le cosmos  se creuse, sombre berceau,

 

Drapant le lourd sommeil des hommes,

O souffle pur des origines…

Au loin s’allume un phare

Rouge paupière dans le soir

 

Sous l’écorce encore chaude

L’odeur des pins s’exhale,

La nuit descend très lentement

Tout dort et mon âme s’éveille.

 

 

 

 

 

 

 

 

AUTOMNE

 

L’automne n’est déjà plus,

Le temps de l’entre-deux

Jetant ses derniers feux,

Pour allumer l’arbre aux écus

Et l’élan  des saules graciles

 

Viennent  les jours si courts

Libérer nos passions éclatantes

Et nos fêtes sensuelles

Dans l’infinie palette de la nature

 

Juste avant que blanchisse,

Chevelure givrée, silhouette falote,

Pensées au ralenti,

L’hiver aux pas feutrés

Aux membres gourds,

 

La ronde des feuilles, très lentement

Tournoie dans le ciel pâle et blanc,

Mains frippées aux veines tendres

S’abattant sur la brume des labours

 

Oû s’écrasent les pommes acides

Qui pourrissent sur d’humides pâtures

Dans la rumination des heures

Mâchant le temps indéfiniment

 

Filets de pluie

Goutte à goutte

Le temps s’égoutte

Oû j’invoque la terre

Que cultivèrent mes aïeux

Normands au regard bleu

Ou marins battant de rames calmes

La houle grise de l’océan

 

 

 

 

 

 

 

 

NATURA

 

 

J’invoque Natura,  celle qui va  naîssant,

Toujours en gestation et toujours fécondant,

Tout au long des saisons,

Les lentes  germinations

 Qui ondulent à l’horizon.

 

Et c’est Céres aux nattes de blé lourd

Déplorant par toutes les terres

Sa fille à la fleur de l’âge,

 Ravie par le dieu des Enfers,

Pour un hiver si long, miroir de nos mélancolies

 Pour un hiver si blanc, tissant d’un même voile,

Et la terre et le ciel,

 

Qui ramène à la lumière du printemps

                             Perséphone, femme-fleur,                                   

Telle Venus cueillant l’écume blème,

Pour renaître sous les doigts inspirés

De Botticelli à l’aube du Quadracento,

 

Et flammes dans l’été,

Dansent Céres et Perséphone,

Lèvres mordant la pulpe

Sucrée des fruits qu’offre Pomone,

Femmes fluides en leur parure,

Pour vivre  un jour d’or et de sang,

Où la mer et l’azur se mèleraient sans fin.

 

Vienne l’automne

Rappeler à la raison,

Les deux femmes dont les pas vont, plus lents,

Qu’inspirent Sagesse et Mesure,

Tandis que déclinent les jours

Dans la douceur  des pommes mùres

Et des lampes tamisées.

 

De saisons en saisons

Revint  six fois déjà nous avertir

Le grand cycle tournant des astres,

Et c’est la paix des feux tranquilles

Qui veillent dans la nuit, et c’est le beau savoir en sa maturité

Plénitude d’une vie si remplie d’expérience

 

                                     

                                              

 

 

 

 

 

 

 

POETIQUE

 

Quand le soleil tremble, pétale translucide,

Eclairant le vierge de la page blanche,

Strates de souffrance aux lignes fertiles,

Ecriture des doigts qui dessinent le jour,

 

Franchissant des siècles d’indifférence,

Murailles fragiles d’écumes blêmes,

Filets étanches des paroles tues,

Un bateau vacille, que happe l’horizon,

 

Et le lotus éclot, o merveille patiente,

Dans la boue trouble de la main

Ouverte sur l’ineffable d’un présent,

Offrande belle d’un matin

 

Dont il  ne restera que quelques gouttes d’eau

Perlant sur un tapis de mousse,

Matière sans substance,

Peau d’encre et de claire rosée. 

  

Quelques gouttes d’eau

Perlent sur un tapis de mousse,

Matière insubstancielle

Peau d’encre et de rosée.

 

 

 

 

 

VENISE

 

Venise, que tu étais belle

Assise au bord du flot passant

Jouissant de ta face immortelle

En ce miroir éblouissant.

 

Venise, que tu étais blanche

A l’heure où, des cieux pervenche

Midi sur ton front gracieux

Posait son baiser fiévreux.

 

Venise, que tu étais folle

Lorsque la nuit venaient les masques

Danser leurs vives farandoles

Sous le doux clapotement des vasques.

 

Aujourd’hui, Venise tu vois

Tes molles grâces d’autrefois

Se refléter sur l’eau perfide

Sillonnée de rides perfides.

 

Venise la grise, tu sais

Que ta jeunesse sans retour,

Est-il plus douloureux secret ?,

S’en est allé au fil des jours…

 

Venise la rouge, tu meurs,

Les poètes et les rêveurs

Chanteront seuls, les soirs d’été,.

La nostalgie de ton passé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                  

 



21/06/2016
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