La nature, figure d'illusion 3
JE BUVAIS LA LACTANCE DES NUAGES
Allongée sur le flanc sans âge
Des blonds mamelons incurvés,
Je buvais la lactance des nuages
Fleur de lotus, doux breuvage,
Pour oublier l’éclat de la réalité.
Tant de paisibles monts
Moutonnaient à l’horizon
De leurs croupes laineuses,
Que pour toucher leur gorge duveteuse
Je n’avais qu’à étendre la main.
Monts d’Auvergne, que crachèrent jadis
De vingt volcans les mâchoires de cendre,
Entrailles fécondées, aujourd’hui, plus tendres
Qu’un ventre chaud, au soleil attiédi,
Dîtes moi que la violence,
Dans la somnolence des jours
Ira se dissipant, laissant place à l’amour,
Et que le temps, qui tout efface,
Rendra souffrance moins vivace.
MONTS D’AUVERGNE
Allongée sur le flanc sans âge
Des blonds mammelons incurvés,
Je buvais la laitance des nuages
A m’en gaver pour oublier
L’éclat blessant de la réalité.
Paisibles monts d’Auvergne
Moutonnaient jusqu’à l’horizon
Et, pour caresser leurs laines,
Flatter les blondes croupes duveteuses
Je n’avais qu’à étendre la main.
Volcans d’Auvergne, que crachèrent jadis
Les bouches rouges de vingt volcans,
Entrailles calcinées, plus tendres à présent,
Qu’un ventre chaud alangui au soleil
Vou témoignez que toutes convulsions
S’éteignent comme braises attièdies
Et que le temps qui tout efface
Rend la soufffrance moins vivace.
NAISSANCE
ECRITURE
Lignes de force, ligne de vie
Montent, descendent à l’envi,
Crêtes d’écume sur la plage,
Les lettres, sur le blanc des pages.
Flaques, reflets d’un ciel de traine,
Nuages, o mes rêves dormant,
Où se mire un vol d’oiseaux blancs,
Votre ouate satinée m’entraine,
Vers des gerbes d’abondance,
Lignes déliées et lignes pleines
Retombant en effervescence
Pour s’estomper, en formes vaines.
Mes doigts sont la crête des fleurs
D’où fusent toutes les couleurs
Et sont les yeux de toute chair
Et sont les rythmes de mes vers.
Volutes s’enroulent, fumées d’eau
Fécondant d’ingénieux cerveaux
Pour que le soleil boive à même
La bouche des fontaines blêmes.
Et le vide et le plein dans l’espace
S’épousent, se repoussent, vivaces,
Mèlant l’énergie des contraires
Pour figurer l’imaginaire.
PRINTEMPS
Tendre est la pointe du jour,
Souffle naissant,
Goût blême des sèves
Irriguant l’âcre pinède
Trois notes frémissantes
Font vibrer un cœur
A tout ce qui affleure
Dans le pur instant.
Homme-Lumière
Femme-Nuit
Crissement de soie
Souffle naissant.
Jouissance d’être
Et de de n’être pas
Dans l’infinie merveille
Des possibles.
PHEBUS
Phébus, je te veux rouge
Sur l’océan bouillant de mes désirs
Et orangé sur la mer bleue des rêves infinis,
Toi qui dispenses la lumière
De tes doigts d’arc- en- ciel,
Vibrations éblouies des couleurs,
Luminescences où se mirent de clairs visages,
Coulée des matières en fusion
Où s’engluent de mouvants paysages.
Toi qui sculptes la peau
Echange de mystérieuses alchimies
O soleil créateur,
Régénère mon cœur
De tes sucs nourriciers
Et fais danser mes nostalgies
Ainsi que des poussières
Entre les filets d’or de tes rayon spuissants.
ETE
J’étais ce souffle brûlant
Sur le sable diamanté
Et cette mer d’argent
Où le soleil brassait des gerbes
De métal en fusion.
J’étais cette solitude solaire
J’étais cette heure d’été
Enfermée dans l’espace,
Aiguilles d’or et d’argent
Et mes yeux pleuraient
Derrière un rideau de larmes et de sel.
J’étais cette multitude invisible et sensible
Qui se levait sur mes pas.
Le temps abolissait
La brûlure primordiale
Spasmes montant des puits
Aux laves incandescentes.
J’étais cette femme
Et j’étais cette flamme
Déchirée par le flux d’une vie avortée.
ET LES YEUX DE LA NUIT
Et les yeux de la nuit
Brillaient d’un éclat minéral
J’allais sous la voûte nocturne,
Solitude habitée,
J’allais traversant la splendeur
Immense et sans fin
Car la mesure n’avait plus d’étalon
Et il faudrait des vies et des vies
Pour arriver à la source,
Lumière
D’étoiles déjà mortes
Depuis des milliards d’années…
Foulant l’herbe douce
J’étais « ici et maintenant »
Et soudain mon souffle se mit au diapason
Du vent qui se levait
J’inspirais, j’expirais,
En harmonie avec le monde
J’étais ce souffle,
J’étais cette heure de la nuit
J’étais ce corps heureux
Et ces lèvres priant
Pour la joie qui m’élevait
Au-dessus de moi- même.
PHILEMON ET BAUCIS
Et montaient de la terre
Sur l’échelle des vents
Les herbes ciselées
Duvet tendre, coulée d’or.
Les joncs en majesté
Bruissaient, souples et bavards,
Les chênes bourgeonnant lissaient leur cuir.
L’air explosait, germait,
Philémon entendait
Le chant silencieux d’insectes endormis,
Le cri boisé d’une hirondelle
Ange noir, gorge nouée.
Et il s’engourdissait, dans l’horreur
Figée de ses pas immobiles.
Tout éclosait, revenait à la vie
Et il se sentait aspiré
Dans l’air vif, les membres glacés,
Ses mains battaient la transparence du jour
Et déjà son dos se courbait
Quand Baucis l’ enlaçant de ses mains noueuses,
Sentit couler la sève nouvelle, d’une même racine,
Les branches renaissaient,
Tendresse pétrifiée de deux vieillards
En leur métamorphose.
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