Inspiration grecque

Inspiration grecque

La nature, figure d'illusion 2

D’HIVER ET D’ENFANCE

 

 

Il neige

Que n’ai-je

Glissé sur mes poudreux chemins,

Forme invisible, doux lutin

Arrachant pour survivre

De durs diamants de givre ?

 

Il neige

Que n’ai-je,

A pleines mains, doigts qui rougeoient,

Emporté la magie qui poudroie

Cristallline morsure

Des stalactictes pures ?

 

Il neige

Que n’ai-je

Pu confier mes pas d’enfants

A la tendresse des parents

Au blanc village

Quand la bise faisait rage ?

 

Il neige

Que n’ai-je

Trop sensible fermé mon cœur

Au sombre appel des fossoyeurs

Rythme blème des pelles

Brisant le marbre qui gèle ?

 

 

 

 

 

ODE AU ROI DES AULNES

 

 

« Entends tu les grives

Appeler dans la nuit ?

« Enfant, ce n’est que le vent

Sur les dunes, effleurant

La chevelure des arbres »

« Entends tu la forêt gémir

Sous les coups de l’orage ? »

« Je ne vois que l’ondée

Qui jase sur la feuillée

Son rire de cristal »

« Entends tu les grives

Pleurer dans la pinède ?

« Enfant, ce n’est que ton cœur

Qui épanche ses douleurs

Au premier chagrin d’amour »

 

 

 

 

 

 

LA  MARMOTTE

 

 

Le soleil s’est glissé au fond de mon terrier

Et se coule à travers mes paupières closes

« Lève toi c’est l’été

On moissonne les fleurs

On ramasse les fruits. »

 

« Je dors depuis l’hiver un long sommeil de neige

Et mon corps est lourd de rêves et de brumes. »

« Lève toi, c’est l’été

Qui revient chaque année

Plus chaud et plus doré. »

 

« Laisse-moi seulement finir un dernier songe

Et je m’éveillerai encor tout engourdi »

« Lève-toi et regarde

La sève coule à flot

Au fût poisseux des arbres. »

 

« Mon Dieu, les fleurs les fruits, que tu m’avais promis

Tout agonise et meurt et je suis éveillé »

« Rendors-toi, c’est l’hiver

La plus belle saison n’a duré qu’un instant ? »

,

 

 

 

 

 

 

D’AILES EN FLEURS

 

 

Papille de fleur,

Qu’effleure une aile d’arc en ciel

Volage, un papillon se pose,

Portant au vent léger

Le message matinal

De la terre à l’azur

De l’azur à l’espace,

Langue indicible et tendre,

Effleurement, souffle essoufflé,

Avant même de naître

Avant de n’être rien ou si peu

Fouillis de vie,

Fourmillement de couleurs

A peine posées

Que le peintre a déjà disparu

Dans la lumière dansée d’un clair matin d’été.

 

 

 

 

 

 

AUX LYS

 

 

Grands lys mauves,

Ailes de soie,

Sur vos longues tiges frêles,

Vous ne viviez

Que de pluies

De parfums et d’azur,

Epanouis sous la caressse

Et la tendresse

Des soleils matinaux

Et voici qu’à présent

Vos fleurs vont se  fanant,

Tristes, des tristesses de l’automne,

De grisailles et de brumes,

Perdant l’éclat de leurs tendres calices,

Pour renaître dans un autre cycle,

Avec les mêmes espérances

Mourant des mêmes nostalgies

Car vous êtes, du Beau, figure d’éphèmère ?

 

 

 

 

 

A SAINT FLOUR

 

 

Rue des Tuiles bas

Rue des Tuiles haut

La route serpente, bordée de maisons basses,

D’un autre âge,

Penchées sur le vide d’un paysage,

A l’horizon,

Ondulent, puissantes

Les montagnes jaillissantes

Aux mamelles de femmes

Eclaboussées de ciel,

Mordant à pleines dents

Les rires de l’azur,

La bouche du soleil,

Où la vie coule à flots

Dans les formes assoupies

Depuis des millions d’années

Sombres les entrailles de la terre

Que travaille le feu originel

Et claires les vies qui marchent, insoucieuses

Dans le matin frais, rue des Tuiles bas.

 

 

 

 

 

ODE A ALLEUZE,

 

 

La houle des sapins

Ondule à l’horizon,

Toison d’or et de bronze

Qu’un rêve d’eau profonde

Capture dans ses eaux,

Où flottent les naïades

Sommeilleuses gardiennes

Des noires opulences.

 

Ondule à l’horizon

La mouvance du ciel

D’où fuse la lumière

En flots incandescents,

Dessinant les contours

D’une seule harmonie,

Paysages et châteaux,

D’Alleuze en majesté,

Le joyau et l’écrin.

 

Toison d’or et de bronze

Que dominent les ruines

De ce sombre château,

Où des vols de corbeaux

Portaient messages chevalresques

Des ducs de Clermont, de Guerlande

A leurs dames de cœur,

Quand crépitait la guerre.

 

Qu’un rêve d’eau profonde

M’attire dans ses moires,

Je viendrai méditer

Dans ses lieux façonnés

Par le Temps et la neige et le vent,

Empruntant chaque année

La route qu’un burin

Tailla d’un dur éclat.

  

 

 

 

 

 

SOLEIL COUCHANT

 

Des pourpres flottaisons

Du soleil occident,

Se voilent les puys

Sculptés en taille douce.

 

Sous la rouge paupière

A l’horizon bleui,

S’attendrisssent les lignes

Des montagnes d’Auvergne

Où parfois s’ouvre encore

La bouche d’un volcan,

Couvant d’un soin jaloux

Le feu essentiel.

 

Comme glissse le jour

Sur son sillage d’ocre,

Phébus se remémore

La mémoire du temps

Matières naissantes,

Roches incandescentes

Des laves en fusion

Batttant les noirs rochers

De leurs lames d’airain.

 

Mais  bergers auvergnats

N’ont que faire des dieux

Muets et silencieux.

Le temps, le temps n’est plus

Que celui d’une vie

Ouverte sur le rêve

Ouverte sur le mystère

De l’au-delà du par-delà.

 

Comme un troupeau fumant

Dans la chaleur du jour

S’arrondissent les croupes géantes

Dorées par l’herbe drue

Dans le soir lumineux

Qui m’enveloppent, de leur sombre manteau…

 

 



21/06/2016
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