Génération
Génération :
Le mot génération évoque la transmission, la permanence, le changement.
LA JOIE AU COURS DES ÂGES
Les Grecs dans les mythes opposèrent
La sage JOIE apollinienne, élégiaque
Et l’exubérante JOIE dionysiaque…
Quand le ciel et la terre,
Une nuit, s’embrassèrent,
Jaillit d’un coup tout l’univers
En son infinie diversité,
En son infinie inventivité,
En sa monstrueuse fécondité …
Et le Jour et la nuit en proie
A la gestation
De la création
Mirent toute la nature en JOIE,
Quand des mers et des terres,
Et des grands souffles d’air,
Ils accouchèrent,
Maternité toujours recommencée
Toujours ensemencée.
JOIE des océans bouillonnant de fertilité,
JOIE pour les vivants d’essaimer
JOIE de s’aventurer, de quitter ses repères
Et la demeure de ses pères,
Et parfois de ne pas revenir,
Trace oubliée, ou humble souvenir,
Hommes de courage qui osèrent s’aventurer,
Un jour pour l’univers explorer
De lointains continents et leur primordiale beauté
Et aujourd’hui planètes et astres du ciel
(Sans résoudre nos problèmes existentiels…)
JOIE du feu et de la lumière
Sur toute l’étendue de la terre
Que Prométhée aux hommes transmit,
Crime dont il fut pourtant puni,
Feux de joie, feux de lumière,
Phares sur toutes les mers
Torche jour et nuit allumée,
Portée come un trophée,
Réchauffant des corps recroquevillés
Dans les nuits glacées,
Et qui depuis, jamais plus ne s’éteignit.
Dans l’inconsistance des jours
Vivons l’autre JOIE qu’on dit apollinienne
ET que tout poète fait sienne
Qui chante l’amour, la beauté
La liberté sans borne d’imaginer,
Quand dansaient au bras d’Apollon les Muses
Au son des flûtes ou des cornemuses,
Descendant l’Acropole
En longues farandoles,
JOIES scandées
Que les poètes pour nous ont rimées
Et les aèdes récités.
JOIES transmises au cours des temps
Et qui résonnent encore en nous, rimeurs
Et rimailleurs ouvrant nos cœurs
A l’universelle langue des artistes, des poètes
De chants nouveaux toujours en quête.
Au cours des siècles.
JOIE pour nous d’être là, vivants
Dans l’ici et le maintenant
Sans rêve et sans désir
D’avenir,
Goûtant l’instant présent
La caresse du vent,
La source babillant
Et le simple goût de la vie
Aux saveurs infinies
A PLUS DE SIX DECADES
A plus de six décades cette année,
Voyant la septième se profiler
Ce n’est sans doute pas la décadence
Mais je sens bien s’accélérer la danse
Du grand ballet du monde et son tournis
Qui a tendance à laisser sur la marge
Les retraités et de façon plus large
Tout ce qui vit au ralenti …
Alors lâcher prise, sans se laisser aller
A la mélancolie, musique du passé,
Rester ouvert au jour, à sa fraicheur,
A tout ce qui se vit au fil des heures …
Rien ne vaut un rythme régulier
Saluant le matin de souples mouvements
Plaisir de monter son escalier
Sans faire appel aux ascenseurs…
Rien ne sert de rester entre nous
De marier cheveux blancs et cheveux gris
Aller vers les plus jeunes
C’est pour tous source d’énergie. .
Les admirer, et les aimer
Les écouter et les aider,
C’est un bonheur sans fin
Recréant le cycle de la vie
En sa riche diversité.
Comme le dit la fable en sa sagesse
On voit mieux l’autre que soi même
Alors connaissez vous, dans leur regard,
N’est il pas mieux de s’accepter
Que de pleurer face au miroir ?
Quittez vos nostalgies,
Sans regretter vos rides
Ou les effacer par des grimaces
Bien vaines, face à la réalité.
Rester lucide et éveillé
Pour retrouver le monde
Et mettre son âme à sa juste place
Celle de la beauté de la grâce
Mystérieuse qui nous travaille.
J’AVAIS LE TEMPS
J’avais le temps,
Comme on a devant soi
Un grand pan de lumière
Et je tissais l’azur
Pour des robes de fête,
Fluidité de soies s’enroulant
Sur le fuseau des Heures.
Tout adolescent est fier
Qui se nourrit de l’ambroisie
A la table des Dieux
Que sert Hébé, la belle,
Jeunesse se croit éternelle.
Mon nom se déclinait
En toute langue
Comme éclatent les grenades
Aux arbres de la noce
Quand perle le rire aux lèvres des femmes
Qu’embrassent des corps de lianes.
Et la beauté
S’inscrivait sur les miroirs
Que renvoie la nuit d’émeraude
J’avais le Temps
J’avais la vie
J’étais la vie.
LA DANSE ODE A DEGAS
Je suis la flamme des bougies
Ondoyante et changeante, Je suis l’eau dormante
Qui se met à bondir
Quand elle devient cascade,
Et l’âtre qu’on croyait éteint
Qui crache ses scories.
S’envolent les blancs jupons
Je suis la grâce de l’amour Lascive et molle,
Mes doigts sont des parfums Qui enchantent la nuit Et ma bouche un baiser.
Je suis la vie, le mouvement
Je tourne et je vire Prise à mon propre vertige
Toujours plus aérienne, Je suis l’âme et la danse
ROMANCE
ADOLESCENCE,
Mon adolescence
Fleurs et transes,
Gardée par les cruels dragons
Au Jardin bleu des Hespérides
Où règne l’Interdit,
Mourut d’avoir été trop sage
A déchiffrer savant langage
Penchée sur des textes anciens
Et la malédiction des Mères castratrices
M’a chargée de malheurs.
Jeunesse, va cueillant Pommes d’amour
Aux Jardins d’Orient
Dans les senteurs du soir
Où gloussent les fontaines
Conteuses de romances
Avant de s’envoler,
L’oiseau aux ailes de vent
M’a frôlée et courtisée,
Volupté d’être et de renaître
Et la prison s’est refermée,
Sous la voûte cloutée de la nuit
Où passe la cohorte des Mensonges
Aux longues Calomnies.
Jeunesse va cueillant Pommes d’amour
Au jardin blanc de liberté
Toujours ensemencée
Toujours recommencée.
MATRES
Quels mots surgis des Bouches d’ombre
Epuiseront le mystère des origines
Perfection de Nature expulsant dans le temps
L’être aux yeux de lumière ?
Quand la vie accouche de la Vie
Quel astre du jour inscrivant vie nouvelle
Dans le destin unique
De la séquence génétique
Et de sa double hélice
Dira sa destinée ?
O chair nourrie de toute chair
Chant ininterrompu
D’Hécube l’accoucheuse
Aux sources de l’amour,
Aux sources de l’exister !
Mères fêtées dans toutes les cultures
De l’orient au couchant
Qui avez engendré
Tant d’humbles créatures
Tant de visages purs,
Figures de proue de notre humanité
O mères, mother, mutter, me, nom unique
Balbutié tout autour de la terre
Par d’innocentes lèvres
Veillez au cœur brûlant de la Nuit
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